DESLYS Gaby (Gabrielle, Elise Léonie CAIRE, dite)

(D’après Pierre Echinard, Académie de Marseille)


    Gaby Deslys est née à Marseille le 4 novembre 1881 et morte à Montrouge (Paris) le 11 février 1920. Artiste de music-hall.

    Gabrielle, née au 63, rue de la Rotonde, grandit avec ses soeurs dans l'atmosphère douillette d'une famille de négociants en tissus de la rue Tapis-Vert, et son oncle François va présider en 1894 le conseil général des Bouches-du-Rhône. Adolescente, elle fait quelques études au Conservatoire, puis, à dix-huit ans, part pour Paris au bras d'un riche fils de famille.

    En peu de temps, celle qui porte à la scène le nom de Gaby Deslys gravit dans les music-halls parisiens les degrés qui mènent de la figuration à la célébrité. En 1906, Londres lui apporte la Consécration internationale. Désormais elle figure en bonne place au gotha des femmes les plus recherchés de Paris. En 1909-1910, une idylle tapageuse avec le jeune roi Manuel de Portugal coûte, dira-t-on, le trône à son royal amant, mais ouvre les portes de l'Amérique à l'ambassadrice du "charme parisien"? Toilettes extravagantes, bijoux étincelants, escorte envahissante d'animaux de compagnie, coup publicitaire savamment orchestrés, Gaby Deslys sacrifie au show business. Elle triomphe à Broadway avec Al Jolson, Mae West et un jeune danseur, Harry Plicer, qu'elle ramène en Europe, en même temps que les rythmes syncopés du ragtime. En 1912, le Tout-Paris les applaudit dans "la danse de l'ours"; en 1913, elle triomphe dans Honeymoon express, une comédie musicale venue de New-York.

    Fin 1917, Gaby relance le Casino de Paris de Léon Volterra et Jacques-Charles. La revue Laissez-les tomber ! marque alors le triomphe définitif à Paris des rythmes et des chants américains, avec les frères Plicer, Harry et ses danses, Murray et son jazz-band. C'est aussi la première fois que la vedette, escortée de boys et de girls, descend le monumental escalier qui fera dès lors la gloire du Casino de Paris. Le "descente de l'escalier" doit aussi le clou du film Bouclette que Gaby tourne avec Harry Plicer et Gabriel Signoret.

    En mars 1918, lasse de jouer sous les obus, épuisée par vingt année de vie trépidante, elle revient à Marseille et achète pour 500 000 F la villa Maud dominant la Corniche. Léon Volterra rénove sur la Canebière le Châtelet, rebaptisé Grand Casino (l'actuel Capitole), qui ouvre le 15 novembre, dans la liesse de la victoire, sur la reprise de Laissez-les tomber ! avec Gaby, les Plicer, leur jazz-band et 150 artistes. Malgré quelques scènes "locales", le spectacle dépasse à peine la centième et Gaby repart pour Paris. Un an plus tard, après avoir tourné deux autres films, elle meurt d'une affection pulmonaire dans la maison de santé du docteur Gosset : elle n'a pas quarante ans ! Elle est inhumée, à Marseille, devant une foule immense, le 17 février 1920, au cimetière Saint-Pierre, non loin de la tombe d'Edmond Rostand.

    Le Maire Flaissières est là pour saluer celle qui fut la première star française du music-hall et légua une partie de sa fortune à la Ville de Marseille. Plus tard, un sosie hongrois de Gaby, Edwige Navratil, plaida vainement une mystérieuse substitution d'identité pour revendiquer sa fortune.

Harry Plicer

Les photos sont tirées du site :  tallulahs.com


A lire :    Les Années Deslys, de Jean-Jacques Sirkis, Editions Jeanne Laffitte, 1990