JOANNE Adolphe-Laurent


    Adolphe-Laurent Joanne est né à Dijon, le 15 septembre 1823. Après des études de droit qu’il abandonne, il s’oriente vers l’écriture et le journalisme. Il collabore à diverses publications, mais sa soif de voyages le pousse à la rédaction de guides géographiques et historique.

    Cet avocat dijonnais, féru d’alpinisme imagine sur le modèle des Handbooks anglais, l’ancêtre de nos guides de voyages. « Pour qu'un voyage soit en même temps utile et agréable, il faut qu'il ait été étudié avec intelligence et avec soin. » est son credo. Le premier volume, l’itinéraire descriptif et historique de la Suisse paru en 1841 est un best-seller qui attire l’attention de Louis Hachette. En 1852, l’éditeur lance sa célèbre Bibliothèque des Chemins de Fer et convint Joanne de lui céder ses guides. En 1860 le catalogue compte déjà cent vingt titres.

Rouge en Allemagne, Bleu en France

En 1916 par opposition aux guides Baedecker en livrée rouge, les Guides Joanne deviennent les Guides Bleus. Pendant des décennies, ils seront la référence francophone en matière de tourisme culturel et fixeront dans l’imagerie collective « ce qui doit être vu » grâce à un style stéréotypé que soulignera le philosophe Roland Barthes : « Le guide Bleu ne connaît guère le paysage que sous la forme du pittoresque. Est pittoresque tout ce qui est accidenté. ». Cette remarque s’applique à l’ensemble des guides touristiques de cette époque. Le matériau de base est fourni par l’œuvre des érudits locaux. Compilés, plagiés, remaniés d’un éditeur à l’autre...

Du folklore à la publicité

Ces guides produisent les mêmes clichés contribuant à forger de nouvelles identités régionales. Pour le touriste friand de pittoresque, on crée de toute pièce des personnages mythiques, véritables ambassadrices de stations balnéaires comme la Boulonnaise de Boulogne-sur-Mer ou la Sablaise des Sables d’Olonne. Le folklorique devient support publicitaire, bientôt relayé par la carte postale ou les affiches. Les surnoms « Côte d’Azur », « Côte d’Émeraude » ou « Côte d’Opale » sont alors popularisés.

Une nouvelle typologie sociale

Ces guides vont également fixer pour de longues années la typologie sociale des lieux de villégiature. Ainsi, Le Guide Joanne classe les plages bretonnes en quatre catégories, selon la fréquentation. Des plus mondaines comme Trouville « avec casino, jeux divers, hôtels luxueux, chalets à louer de toutes tailles et à tous prix, pensions de famille, chambres et appartements meublés » au plus simples sans aucun décorum [...] On s’y baigne souvent sans cabine. ». L’éditeur Conty propose quant à lui une distinction sociale encore plus radicale divisant les stations en deux catégories pour grands et petits budgets.

    Son fils, Paul-Bénigne Joanne a continué l’œuvre de son père, et pas moins de 120 guides ont été édités. Les guides Joanne des départements ont eu une influence notables sur les éditeurs des manuels, dictionnaires et atlas du XIXe siècle. Il présente de façon pédagogique et didactique la géographie, l’histoire, l’économie, la société et les communes des départements français.

    Le volume consacré aux Bouches-du-Rhône a été publié en 1899.


Bibliographie :

Les Bouches-du-Rhône au XIXe siècle. Editions : Les Chemins de la Mémoire, 2004