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 Dictionnaire des Marseillais

Académie de Marseille


Le Panthéon de Marseille

Le "Dictionnaire des Marseillais", élaboré et édité par l'Académie de Marseille, est sans nul doute un des ouvrages qui permet le mieux à l'heure actuelle d'appréhender la richesse du patrimoine phocéen. Entreprise collective réunissant quelques quatre vingt dix contributeurs et coordonnée par un groupe de douze érudits, il constitue un véritable Panthéon dédié aux illustres disparus dont le nom fut peu ou prou associé à l'histoire de la cité massaliote. S'y côtoient gens d'affaires, administrateurs, intellectuels, artistes, médecins, militaires, marins, ecclésiastiques, mais aussi truands ou personnes ayant simplement défrayées la chronique en leur temps. Ainsi que le précise la préface, "ont été retenus les personnages qui par leur naissance ou par leur décès, par leurs actions et par leurs écrits, ont marqués l'histoire ou la vie quotidienne de Marseille, ou qui y ont trouvé une orientation décisive."

Beaucoup de noms illustres émaillent ces pages, des noms si célèbres que leur gloire, parfois, en avait presque fait oublier le lien qui les unit avec les rives du Vieux-Port. Ainsi, "Nadar", Adolphe Thiers, "Saint-Pol Roux", "Le Corbusier", Henri Fabre, Jacques Coeur, Edmond Rostand, Antonin Artaud, Benoit XIII, Darius Milhaud, Jean Bouin, Pierre Puget, Gaston Rebuffat, Paul Ricard, Jean-Pierre Rampal, etc... y trouvent une juste place. Et l'on se surprend, au fil des pages, à se dire in peto : "Tiens, c'est vrai, celui-là aussi...".

Bien sur, une entreprise aussi considérable ne peut se concevoir sans quelques choix, et si l'on peut être étonné par quelques rares omissions, l'ouvrage est par ailleurs extrêmement complet. Car aux cotés des célébrités nationales se trouvent aussi des hommes dont le nom restera à jamais associé à l'histoire de la Marseille comme Jules Mires l'instigateur du Port Autonome, René Dufaure de Montmirail, le créateur de l'OM ou Charles Auguste Verminck, le fondateur du PLM. La contribution féminine n'est pas oubliée non plus avec, à titre d'exemple, Désirée Clary, qui fut reine de Suède, "La Cavale", l'égérie révolutionnaire, Jeanne Mercier, créatrice de la première entreprise de bains de mers ou Pénélope Vlasto, rivale valeureuse de Suzanne Lenglen.

Mais ce qui fait aussi le charme de cet ouvrage, ce sont aussi des anecdotes savoureuses et des curiosités historiques que l'on découvre parfois au fil des pages : Escaramagne, mystérieux bienfaiteur de Notre Dame de la Garde, Etienne dit aussi "le chanteur mondain", D'jelmako le funambule extraordinaire, Bourdini l'homme au crâne démesuré, Francoeur qui fut roi de l'île d'If pour dix-sept jours, Travail le bien nommé, roi incontesté de la cambriole au chalumeau oxyacéthylénique, Gardiolle qui fit édifier la Maison Diamantée ou encore Picaud, le cordonnier qui inspira à Dumas le personnage d'Edmond Dantès.

Par sa richesse et son érudition, le "Dictionnaire des Marseillais" est donc bien plus qu'un simple catalogue des grands noms qui ont fait l'histoire de Marseille. Il est aussi un parcours dans les méandres de la "petite histoire" de l'histoire où le lecteur, loin de tout ennui, découvre avec délice des détails méconnus d'un passé parfois vivace et cher au coeur des amoureux d'une ville décidément à part.


Deux articles tirés du dictionnaire :

Le boulevard Chave et le quartier qui l'entoure sont nés sous la Monarchie de Juillet d'une initiative des frères André et Nicolas Chave, propriétaires d'un vaste terrain au quartier alors agricole du Camas, sur le revers du plateau Saint-Michel, dans lequel ils souhaitaient créer la " Cité Bergère ". Le conseil municipal ayant refusé en 1831 ce projet, les deux promoteurs s'entendirent avec leurs voisins, Terusse, Mérentié et Rougier, pour tracer à travers l'ensemble du Petit Camas un gigantesque lotissement aux rues rectilignes, auxquelles ils donneront leurs noms. Cette réalisation, qui allait s'avérer une réussite assez rare dans l'urbanisme marseillais, fut autorisée par ordonnance royale du 25 avril 1841. " Chavopolis " fut d'abord brocardée par les marseillais et Barthélemy se demande dans Marseille, petite revue d'une grande ville combien d'années seront nécessaires avant que : "La ville Chave, en vain numérotée, Transformant en quartier ses désertes cloisons Voit au lieu de poteaux s'élever des maisons ?" ...

Marin. Issu d'une famille de La Ciotat, il avait recueilli de nombreuses informations auprès d'un officier de Cook rencontré au hasard d'un voyage. Il sut convaincre les négociants marseillais Jean et David Baux de l'intérêt qu'il y aurait à explorer les îles du Pacifique. Avec le trois-mâts " Le Solide ", construit spécialement pour cette expédition, Marchand parti de Marseille le 14 décembre 1790. En juin 1791, il découvrit les îles Marquises dont il prit possession au nom du roi de France, puis, par les îles Hawaï, les Mariannes et Macao, revint à Toulon le 14 août 1792, sans avoir perdu un seul homme de son équipage. Il avait réalisé en vingt mois un des tours du monde les plus rapides accomplis au XVIIIème siècle...

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